Au cours de nos études, dans le Talmud on apprend que la vie d’un homme est faite de repères.
Qu’est qu’un repère ? A quoi sert un repère ?
Il permet de reconnaitre quelque chose dans un ensemble, de localiser quelque chose dans le temps ou dans l’espace. De plus, il sert à guider l’âme humaine quand il s’égare, doute, ou qu’il appelle à l’aide.
Le Grand Rabbin Salomon MALKA (ZAL) était un repère dans les valeurs, les mitsvots et les lois à observer. Tout d’abord, il ne cherchait pas le compromis avec ses interlocuteurs qui venaient chercher du réconfort ou des conseils. Son fils Avi Nissim, à qui nous devons un travail colossal sur la vie de Rabbin de son cher père, nous racontait souvent que le numéro de téléphone du domicile du Rabbin était dans les pages jaunes avec le qualificatif d’assistant social. De plus, pratiquant ou pas, il n’hésitait pas à reprendre un fidèle sans distinction. Il s’émouvait auprès du fidèle qui venait avec un parapluie un jour de Chabbat à la synagogue. Même s’il est autorisé de porter les jours de Yom Tov, il est strictement interdit de se construire un abri. Comme il n’hésitait pas à notifier une fin de non-recevoir à un fidèle plus érudit qui souhaitait changer un Minhag Algérois. C’est bien pour cette raison que notre communauté a pu, grâce à lui notamment, perpétuer cette tradition du « Krobats » : recueil de poèmes algérois lus aux grandes occasions (rosh hachanah, chaloch régalim etc.). Ensuite, en plus de donner ses conseils aux fidèles, il a, par les « Krobats », laissé un héritage aux générations futures en traduisant lui-même ces poèmes. Long d’un travail de plusieurs années, cette entreprise lui a permis de transmettre et perpétuer les traditions propres à notre communauté. Pour cela nous lui en serons éternellement reconnaissants et notre dette est immense. Ainsi, de son vivant il guidait les générations présentes et de là où il est également les générations futures par ce patrimoine qu’il nous a légué.
Pour toutes ces raisons, il a été décidé en l’an 5782, mardi 14 septembre 2021, à l’initiative du Grand Rabbin de France, Haïm KORSIA, et de fidèles pugnaces que le Rabbin Salomon MALKA soit élèvé au rang de Grand Rabbin à titre posthume.
Il est vrai que toutes ces anecdotes correspondent au rôle normal que l’on attribue à un rabbin : il est le chef d’une communauté et se doit de la guider pour les générations futures. Néanmoins, lorsqu’un rabbin fait son travail et qu’il le fait avec constance, rigueur et courage il est toujours bon de l’honorer.
Fort de tous ses conseils, de son érudition et de cet héritage, nous pouvons remercier le Grand Rabbin Salomon MALKA (ZAL) d’avoir donc exercé son ministère de manière sacerdotale. Il restera un exemple à suivre pour les générations futures.
La tâche qu’Avi Nissim a réalisée, retraçant, à travers huit ouvrages la vie du Rabbin que fût son père est un héritage qu’il nous offre. Même si certains sont inachevés ils nous permettent de garder un lien direct avec lui, de le retrouver à travers ses textes, ses commentaires d’une inestimable clairvoyance, d’une modernité et d’une authenticité implacable. Je peux témoigner de la sueur mais aussi de la satisfaction que le Gd Rabbin MALKA éprouvait à chaque fois qu’il terminait la traduction d’un chapitre du KROBATZ. Il n’en voyait pas le bout. Mais quel bonheur ensuite de voir toutes ses heures de labeur couchées sur de belles pages blanches pour la grande joie des fidèles. Il aimait tant donner sans rien attendre en retour. Il aimait trouver des solutions aux problèmes les plus épineux. C’est pour toutes ces raisons qu’il manque à sa famille à sa communauté. C’est pour cela que son absence pèse. Mais c’est grâce à ces textes que nous maintiendrons un lien indéfectible avec lui et que du ciel où il se trouve il nous envoie son sourire malicieux et protecteur.
Sam ATTIA
Président de Berith Chalom